Implications de la pandémie de COVID-19 pour la sécurité alimentaire et e de la nutrition des personnes atteintes de la Maladie de Hansen.

La pandémie de COVID-19 a généré une vaste crise sanitaire ayant des répercussions économiques mondiales, affectant les aspects politiques et sociaux des pays à revenu moyen et faible, comme le Brésil, dont le scénario socio-économique s'est aggravé en raison du déficit de croissance économique et des politiques d'austérité fiscale¹. Les mesures de restriction de la circulation des personnes et de distanciation sociale, nécessaires pour contenir la transmission, ont eu un impact sur l'économie, compromettant la génération et l'accès aux revenus². Du point de vue sanitaire et économique, la population la plus vulnérable n'a pas été aidée de manière adéquate, ou opportune, par des actions gouvernementales efficaces favorisant l'adhésion à ces mesures³. Les restrictions budgétaires auxquelles sont confrontées les classes économiquement les plus vulnérables ont déterminé des difficultés à assurer les besoins de base, notamment l'accès à la nourriture⁴.

Les personnes qui subissent une perte de revenus généralisée ont tendance à chercher des alternatives pour atténuer la faim en adoptant des pratiques inappropriées, telles que l'hyperdilution des aliments, la réduction de la taille des portions et, par conséquent, des nutriments ingérés, la restriction de la consommation d'aliments sains et l'augmentation de la consommation de ceux qui sont moins chers et peu nutritifs. Ainsi, la pandémie de COVID-19 a constitué une menace pour la sécurité alimentaire et de la nutrition (SAN) en augmentant le nombre de personnes exposées à des conditions qui violent le droit humain à une alimentation adéquate. La non-satisfaction des conditions alimentaires de base est appelée insécurité alimentaire (IA), classée comme suit : IA légère - fait référence à l'inquiétude concernant la quantité de nourriture dans un avenir proche et la qualité de la nourriture ; IA modérée - quantité réduite de nourriture disponible pour les adultes de la famille ; IA sévère - quantité restreinte de nourriture disponible pour les enfants et les adultes, et sentiment de faim parmi les membres du ménage⁵.

Ces dernières années, les situations de pauvreté et de vulnérabilité sociale vécues par de nombreuses familles brésiliennes se sont aggravées. En décembre 2020, sur 211,7 millions de Brésiliens, 116,8 vivaient avec un certain degré d'IA. Parmi eux, 43,4 millions n'avaient pas assez de nourriture (IA modérée et sévère) et 19 millions étaient confrontés à la faim (IA sévère). Ce scénario résulte du démantèlement des politiques et des systèmes de protection sociale, notamment dans le secteur de la santé⁶. Ces difficultés sont accrues dans les groupes socialement vulnérables, notamment ceux qui, dans la période prépandémique, étaient déjà confrontés à des situations d'IA⁷, ce qui, dans le domaine de la Maladie de Hansen, reflète la vulnérabilité nutritionnelle de ce groupe⁸.

L'état d'IA contribue à la dégradation de l'état nutritionnel, au développement et à l'évolution des maladies. De même, la présence de maladies peut refléter une détérioration de l'état nutritionnel⁹. Ainsi, puisque la pauvreté est un facteur déterminant de la Maladie de Hansen, des habitudes alimentaires inadéquates, en plus des autres conditions présentes, agissent comme des facteurs aggravants pour les conditions de santé. Des études menées au Bangladesh et au Brésil ont montré que des conditions de faible apport énergétique total, une moindre variété de nutriments et l'absence de stocks alimentaires dans les ménages étaient des facteurs contribuant à la Maladie de Hansen^8,10,11. De plus, les séquelles causées par la maladie, telles que les handicaps physiques, la stigmatisation et les préjugés, peuvent exposer les individus à une plus grande vulnérabilité, à des impacts directs sur l'accès au travail et aux revenus¹⁰, compromettant la viabilité économique du foyer, entravant, entre autres, l'accès à une alimentation qualitative et quantitative adéquate, entraînant une IA ou une aggravation de cette condition⁵.

Si l'on prend comme référence la situation pré-pandémique de COVID-19, la prévalence de l'IA était déjà plus élevée dans la population affectée par la Maladie de Hansen que dans la population générale⁸. Il convient de noter que l'émergence et la diffusion de la pandémie ont intensifié les problèmes générés par l'IA⁷, en particulier pour les populations vulnérables, signalant une possible augmentation des situations de famine. Afin de répondre à cette demande, des initiatives et des politiques sont nécessaires pour assurer la sécurité alimentaire et inclure des actions articulées sur l'alimentation (disponibilité, production, commercialisation et accès à la nourriture) et la nutrition (bonnes pratiques alimentaires et utilisation appropriée des nutriments), en tant que droit de l'homme. Dans ce sens, il est souligné que la Stratégie Nationale de Confrontation de la Maladie de Hansen, dans son approche thérapeutique, n'envisage pas la mise en place d'actions visant l'attention nutritionnelle. Il est recommandé de discuter de la mise en œuvre et du maintien de mesures efficaces de politiques publiques qui garantissent les droits de l'homme (y compris une alimentation adéquate), l'assistance sociale et le transfert de revenus afin de minimiser la vulnérabilité à la faim des personnes issues des classes sociales les plus vulnérables, notamment celles atteintes de la Maladie de Hansen.